Quand les constructeurs automobiles se penchent sur leur histoire pour nous sortir des anecdotes sous la forme d’un court-métrage, cela fonctionne généralement bien. J’ai déjà eu, un peu plus tôt dans l’année, un gros coup de coeur pour une vidéo réalisée par Mercedes autour de l’histoire de Bertha Benz, cette fois c’est BMW qui me séduit avec sa production qui nous renvoie pourtant dans une période sombre de l’histoire allemande.
Le franchissement du mur de Berlin caché dans une Isetta
Il semble assez improbable qu’une Isetta ait permis de faire franchir illégalement le Mur de Berlin en 1963 à des habitants de l’Allemagne de l’Est, et pourtant c’est une histoire vraie. Une réplique de l’Isetta modifiée pour réussir ce pari est d’ailleurs exposée dans le musée du Mur de Berlin situé à côté de Checkpoint Charlie.
Cette vidéo a une résonance encore plus particulière pour moi, car j’ai découvert Berlin pour la première fois, la semaine dernière. Je suis justement passée à côté de ce musée, du checkpoint et j’ai été voir les vestiges du mur de Berlin, me demandant encore comment on pouvait arriver à de telles situations il y a de cela 60 ans.
Mais je vous propose de découvrir le court film publié par BMW dans sa version intégrale de 3:51 minutes pour mieux comprendre de quoi je vous parle :
Il y a bien sûr quelques adaptations de l’histoire dans la réalisation de ce film, mais l’idée de base est respectée. Vous pouvez lire l’histoire complète sur le site BMW en cliquant sur le lien suivant : « Mur de Berlin : vers la liberté en BMW Isetta«
Un projet fou
Pour ceux qui n’iront pas lire l’article complet, je vais essayer de synthétiser quelques informations intéressantes. Avant la construction du Mur de Berlin (1961), il y avait encore une certaine liberté de mouvement entre la RDA et la RFA, très restreinte quand même, mais il y avait toujours des solutions pour fuir. Mais lorsque le Mur a été achevé, quiconque essayait de s’évader de l’Allemagne de l’Est pour rejoindre l’Ouest prenait le risque de se faire fusiller (sans autre forme de procès). Si certains ont réussi à s’échapper par des tunnels ou en se cachant dans des camions, la sécurité s’est vite durcie et même les voitures normales pouvant circuler d’un côté à l’autre de la ville étaient alors passées au peigne fin au checkpoint pour trouver d’éventuelles caches et donc d’éventuels fuyards.
Pour sauver un de ses amis resté à l’Est et amené être enrôlé de force dans l’armée, Klaus-Günter Jacobi imagine transformer son Isetta personnelle pour cacher un homme dans un espace très restreint situé à proximité directe du moteur (à l’arrière bien sûr). Ses connaissances en mécanique seront un plus pour ce projet, car cela nécessitait quelques modifications du côté de l’échappement mais aussi du réservoir de 13 litres qui prenaient trop de place. L’arrière de l’auto devait aussi être modifié car l’ajout du poids d’un homme adulte sur l’essieu arrière risquait d’attirer l’attention au point de contrôle.
Si l’idée paraissait folle, elle s’est révélée brillante, car difficile d’imaginer au point de contrôle qu’un homme recroquevillé pouvait tenir à côté du moteur de 13ch de l’Isetta. Jacobi avait alors sauvé son ami, et d’autres prirent le relais avec d’autres Isetta transformées pour faire passer quelques personnes de l’Est à l’Ouest (moins d’une dizaine cependant avant qu’un des passages ne se passe mal).
l’Isetta gagne encore en charme…
J’ai toujours beaucoup aimé cette petite Isetta avec sa bouille si attachante, mais je dois bien avouer que je ne connais que mal son histoire. Comme la Fiat 600 en Italie, elles ont permis dans des périodes d’après-guerre difficiles de donner accès à un moyen de locomotion à nombre de familles pour un prix attractif (2 550 marks allemands soit environ 1 300 euros). L’Isetta a quand même été produite à plus de 160 000 unités.
Cette anecdote de l’évasion de la RDA de certaines personnes dans un compartiment caché de l’Isetta ajoute encore un peu à son charme désuet. Enfin désuet, pas tant que cela puisque j’attends de voir rouler(avec une certaine impatience) la Microlino d’ici l’année prochaine, mais dans une version électrique. L’Isetta va peut-être s’offrir une seconde jeunesse même si cela ne sera pas sous le blason BMW (ce qui ne sera pas une première dans son histoire pour autant).
Bref ce court film autour de l’histoire de l’Isetta pourrait presque me faire oublier les communications maladroites récentes de la marque autour de ses mastodontes (les SUV de son catalogue). Des pubs (Suisses) et des présentations de produits qui puaient la testostérone à plein nez à 10 km à la ronde. Espérons qu’ils aient compris que l’émotion marchait mieux pour la notoriété de marque que de sortir muscles et concours de « qui a la plus grosse ». J’avais décidé de taire ces couacs de communication de la part de BMW, mais je l’ai encore un peu en travers de la gorge (surtout avec 3 BMW dans mon garage).