C’est le « manger, bouger » de la pub automobile qui vient d’être publié au journal officiel. Il fallait bien sûr rajouter une couche d’informations obligatoires pour bien débuter 2022, des mentions dont personne ne tiendra compte (ou presque) en regardant les publicités automobiles sur les différents supports (TV, presse, radio, etc.).
Certains législateurs doivent être fiers du travail accompli, les membres de la convention citoyenne qu’ils voulaient tenter de satisfaire lèvent les yeux au ciel, et tout le milieu professionnel de la pub se demande comment ils vont encore réussir à caser ces informations inutiles et insipides le plus discrètement possible dans les spots et affiches à paraître au mois de mars 2022 pour ne pas encourir les 50 000 € d’amendes par diffusion non-conforme.
Des informations à portée écologiques… et la marmotte…
A partir du 1 mars 2022, nous verrons donc apparaître sur l’ensemble des publicités automobiles, y compris pour celles des véhicules électriques, différentes mentions :
- La classe d’émission CO2 du véhicule (en même temps, on a rarement des véhicules classés en « G » sur nos écrans depuis un moment)
- Un hashtag #SeDéplacerMoinsPolluer visible sur les publicités, sauf radio
- Et surtout l’une des trois phrases sélectionnées pour diffuser un message pseudo-écolo à la con.
Comme si les messages du type « mangez 5 fruits et légumes par jour » avaient vraiment eu un impact sur ceux qui ne le faisaient pas avant, si ce n’est de faire doucement rire certains et d’agacer les autres. On a l’impression d’avoir tous 5 ans d’âge mental, et que des adultes (ici la pub validée par l’ARCEP) doivent sans cesse nous rappeler ce qui est censé être bien, de ce qui est censé être mal.
Les injonctions en question pour les pubs automobiles sont les suivantes :
- « pensez à covoiturer »,
- « pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo »,
- « au quotidien, prenez les transports en commun »
« Pensez à covoiturer » en pleine pandémie, comment dire que le message tombe comme un cheveu sur la soupe. Et si des acteurs privés comme Blablacar n’avaient pas fait avancer les mentalités (et transformer ceci en business lucratif), on serait loin de pouvoir prétendre à favoriser le covoiturage. Je suis méchante, l’état a quand même créé quelques aires/parking de covoiturage (au forceps). J’ai certainement fait plus de blablacar (et pourtant j’en ai fait peu, tant c’est une chienlit sans nom) que ceux qui ont pondu ce message.
« Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo« , une phrase sortie de la bouche de citadins très probablement. Vous noterez qu’ils n’ont pas osé définir le « court » pour éviter une vague d’indignation. On notera aussi que la trottinette n’est pas retenue dans les mobilités douces non plus.
Mon préféré reste quand même le « au quotidien, prenez les transports en commun« , là j’ai juste envie de hurler en lisant ça. Je suis sûre que certains seraient ravis de prendre les transports en commun, si du moins ils existaient ! Si encore le message était « en ville, privilégiez les transports en commun », mais là on a juste encore droit à un message de gens qui ne sont jamais sortie d’une grande ville de leur vie et qui montrent leur dédain envers tous les « péquenauds » qui n’y vivent pas.
Si je prends mon exemple, j’ai déménagé d’un village de 900 âmes à la campagne à une ville d’une agglomération de 275 000 habitants (me rapprochant théoriquement de la gare pour mes déplacements). Si je veux prendre le bus pour éventuellement réussir à prendre le tram, pour ensuite aller au centre-ville de l’agglo, je dois déjà commencer par marcher un peu moins de 2 km, viser juste pour ne pas louper les rares bus (2 par heure en moyenne), et prendre mon mal en patience pour arriver à destination, car cela reste une véritable expédition nécessitant largement plus d’une heure pour quelques malheureux kilomètres. Et je ne parle pas d’aller d’un point à A à un point B sans transiter par la ville (c’est quasi impossible). J’ai eu le malheur de déposer une fois ma voiture à la concession BMW pour plusieurs jours et de prendre le bus pour rentrer (ne pouvant charger mon vélo dans ma voiture), il m’a fallu plus d’1h30 pour rentrer de la concession en transport en commun à une quinzaine de kilomètres de chez moi, quand il me faut entre 15 et 20 minutes en voiture. Comment voulez-vous convaincre les gens d’abandonner leurs voitures dans ces conditions ? C’est tout bonnement ridicule !
Si dans une agglomération, il est déjà parfois un enfer de vouloir opter pour les transports en commun, sans compter les nombreuses grèves et autres incidents qui perturbent inlassablement leur trafic, et en mettant de côté la question de la sécurité dans les transports, que dire de la campagne où les bus quotidiens se comptent sur les doigts de la main ? (si encore il y en a). Enfin, ceci dit, eux n’ont pas l’ombre des ZFE qui planent en plus au-dessus d’eux.
Ces messages semblent s’adresser uniquement aux habitants des grandes métropoles, et surtout aux Franciliens, pour le reste de la France, comme toujours on s’en tape, on impose les mêmes sanctions !
Un moindre mal …
Nous devons cependant nous réjouir, car initialement ce qui planait au-dessus de la publicité automobile (pour les véhicules à motorisation thermique), c’était l’interdiction pure et simple qui avait été suggérée par la convention citoyenne.
On avait déjà noté un mouvement de fond vers le verdissement des modèles présentés sur les publicités automobiles, depuis que ces sujets étaient apparus sur le tapis. Une interdiction de la publicité aurait été un coup dur pour tous ceux qui vivent de la publicité (agence, médias,…), l’automobile est un des plus gros annonceurs.
Finalement, ils ne sont pas si mal ces messages ridicules qui ne changeront rien ou presque, juste quelques contraintes supplémentaires dans la création. Vu le nombre de règles déjà imposées à la publicité automobile, ce ne sont pas ces ajouts qui vont chambouler le tout 😉
Ayant d’abord quitté la Grande Ville (Paris centre), pour une nettement plus petite (Lausanne), puis un hameau de moins de 100 habitants, mes expériences confirment les vôtres… En pire ! (2 bus le matin et 2 le soir pour rejoindre la gare…).
Dans le même temps, notre envie initiale d’un petit pied à terre dans le Marais s’est envolé du fait de l’impossibilité de se déplacer fluidement dans Paris (merci aux édiles parisiennes…). A telle enseigne que nous ne venons même plus « simplement » faire du shopping, comme nous avons abandonné les sorties culturelles ou gastronomiques dans la capitale.
Cela nous a permis de nous tourner vers la province, où musées de grande valeur et tables étoilées ne manquent pas !
Coïncidence avec la lecture de votre article, ma femme ce matin s’était amusée à compter les publicités pour voiture car elle les trouvait quelque peu envahissantes (pourtant amatrice de voitures : nous avons une douzaine à nous deux, sans compter les 4 motos…) : Au minimum 50% sur diverses chaînes lors des émissions matinales !
A noter au passage que les autorités nous serinent que la France ne serait pas attachée à l’automobile. Je doute cependant que les marques matraquent ainsi une population qui serait vent debout à l’achat de voitures individuelles ???
Ceci posé, je doute fortement que ces nouvelles mentions soient d’une quelconque utilité ?
Hormis probablement de nourrir à coup de subventions quelques associations « représentatives » qui ne manqueront pas de se dresser pour surveiller l’application de ces nouvelles injonctions.
Il serait d’ailleurs intéressant de savoir si les campagnes pour une alimentation plus équilibrée ont eu une quelconque utilité…
Les campagnes d’affichage sur les paquets de cigarettes ont-elles jamais eu un effet direct sur les fumeurs ? De mon expérience personnelle, aucune des fumeuses avec lesquelles j’ai partagé ma vie n’ont jamais modifié leur consommation de ce fait.
Je crains qu’il en aille de même ici aussi ?
Technocrates ! Une nouvelle race de feignants !!!