Les conditions hivernales, le salage des chaussées, le trafic dense, les réparations bas de gamme et les budgets alloués aux routes en baisse sont autant de causes de la multiplication des nids de poule que l’on redécouvre d’autant plus au printemps. Après avoir roulé plusieurs milliers de kilomètres ces dernières semaines, un constat m’a frappé, les routes de toutes tailles de l’Ile de France sont dans un état particulièrement calamiteux.
Bien entendu, nous ne sommes pas là dans une compétition pour savoir quelle région fait pire ou mieux, je suis certaine que peu importe où l’on se trouve en France, on peut trouver des routes dans un état de délabrement avancé. Quand on pense qu’il y a quelques années, la France était reconnue pour avoir un des meilleurs réseaux routier du point de vue de ses infrastructures, on peut se demander alors pourquoi au dernier comptage, le pays apparaît désormais à la 18e place de ce classement mondial.
Des investissements publics en baisse
Ce classement, dont je vous parle, est celui édité par le World Economic Forum dans son rapport de compétitivité mondiale, hélas à cause de la pandémie, nous n’avons pas de chiffres actualisés pour le moment pour 2020/2021, on se contente des chiffres datant de 2019.
Alors qu’entre 2006 et 2013, la France oscillait entre la première et la deuxième position de ce classement mondial sur la qualité de ses infrastructures routières, à partir de 2014, la France quitte le podium, et depuis dégringole d’année en année. Vu l’état actuel de nos routes, il est peu probable que nous soyons remontés dans le classement, bien au contraire même.
Mais un coup d’œil sur le classement de nos voisins peut nous rassurer en partie, nous ne sommes pas les seuls à avoir des routes mal entretenues. Nos amis belges sont les rois incontestés des nids de poule depuis déjà quelques décennies, tout comme l’Italie, l’Allemagne, quant à elle, suit la même courbe descendante que la France. La Suisse et les Pays-Bas tiennent eux désormais le haut du classement.
Les évolutions météorologiques ne sont pas les seules responsables de ces dégradations prématurées de nos routes. Le rapport du World Economic Forum pointe du doigt une baisse des investissements publics sur ce sujet. Les collectivités territoriales françaises semblant préférer allouer leur enveloppe budgétaire pour faire pousser les ronds-points parfois grotesques et les ralentisseurs souvent illégaux, et qui coûtent des sommes importantes. Une autre vision de la sécurité routière en quelque sorte.
Depuis quelques temps aussi, on s’interroge de plus en plus sur l’impact du poids de nos véhicules sur la dégradation accélérée des chaussées, phénomène également amplifié par un trafic toujours plus dense, chose qui ne va clairement pas s’arrêter avec l’offensive des véhicules électriques et électrifiés. Il va pourtant falloir trouver des solutions, et des solutions autres que les rapiéçages au rabais qui rendent les routes toujours plus inconfortables, voire dangereuses.
Un enjeu de sécurité pour tous
Si nos gouvernants veulent nous freiner à acheter des SUV, il va peut-être falloir aussi s’interroger sur le pourquoi les gens sont séduits par cette proposition, pourtant plus onéreuse qu’une compacte, une berline ou un break équivalent. Le style et la position de conduite ne sont pas les seuls motifs qui expliquent ce choix, mais l’état des routes et leur praticabilité avec tous les véhicules posent quand même de nombreux problèmes au quotidien. Et on ne parle pas là juste de pouvoir escalader des trottoirs dans une métropole quelconque.
Que dire alors du danger pour nos amis motards ou même des cyclistes, ce sont les premières victimes de ces dégradations de la chaussée. Si l’automobiliste risque de crever ou d’abîmer un train roulant en « tapant un nid de poule », chose déjà fortement rageante, un motard risque lui une chute aux conséquences parfois très lourdes. Là, clairement, cela ne fait plus rigoler.
D’ailleurs une étude anglaise alerte sur le fait que les nids de poule deviennent aussi dangereux que la conduite sous alcool ou l’usage du téléphone au volant, histoire de faire réagir le gouvernement et l’opinion publique.
Si les chiffres de la mortalité routière sont en baisse grâce aux conséquences de la pandémie et aux confinements, il ne faudrait pas que le gouvernement en oubli d’entretenir son réseau routier pour la sécurité de tous. Pourtant, il est fort à craindre que les enveloppes budgétaires attribuées à ces missions n’aient encore fondu ces derniers mois.
Une partie de ces réparations et des aménagements routiers de sécurité sont possibles grâce à un peu plus de 35 % des sommes récoltés au travers des PV (notamment via les radars automatisés). Une manne financière qui a subi une forte de baisse avec dans un premier temps le mouvement des Gilets Jaunes, puis dans un second temps avec la circulation en baisse pendant la pandémie. On peut donc légitimement se demander avec quels moyens (non distribués aux dépenses liées à la Covid) l’état ou les collectivités territoriales vont pouvoir agir, et là c’est plutôt inquiétant pour l’état de nos routes dans les prochaines années.
l’initiative des motards de la FFMC : www.niddepoule.fr
Cela fait plusieurs années que les associations de motards organisent une chasse aux oeufs un peu spéciale à chaque week-end de Pâques. Dans le viseur des motards, les nids de poule qui pullulent sur nos routes, qu’ils redécorent pour l’occasion avec des oeufs.
Ils ont d’ailleurs lancé l’année dernière un site communautaire où chacun peut remonter les nids de poule qu’il rencontre sur ses trajets : https://www.niddepoule.fr/. Une initiative intéressante, mais hélas qui ne fera probablement pas assez bouger les choses.
Des applications, comme Waze, permettent aussi de signaler ce type de danger sur nos routes, n’hésitez pas à signaler les nids de poule les plus dangereux que vous rencontrez au quotidien en ville comme sur route pour aider les autres automobilistes pas forcément du secteur. Une solution palliative bien légère pour éviter un accident ou des dommages en attendant d’éventuelles réparations, plus ou moins durables.
En bref, ces nids de poule sont vraiment une plaie sur nos routes, et quand il pleut ils sont même sacrément dangereux pour l’ensemble des véhicules, car souvent invisibles. Il va falloir très certainement s’habituer à cohabiter avec ces déformations de la chaussée, alors soyez prudent sur la route et ouvrez l’oeil pour anticiper un maximum afin d’éviter ces pièges aux conséquences coûteuses !
La version audio de l’article est disponible ici :
Bon article intéressant.
Je suis totalement d’accord, et c’est extrêmement dangereux.
J’ai un collègue qui a flingué deux pneus en passant dans un nid de poule profond comme le Grand Canyon.
Mais il est sans doute plus important pour le gouvernement de mettre l’argent dans l’installation de nouvelles pompes à fric (pardon : nouveaux radars ).
Sinon l’article est vraiment de circonstance en cette période de Pâques et la question se pose : Qui est le premier : l’œuf ou la poule ?
🙂
Merci pour cet article. Vous avez entièrement raison sur le danger que ça pourrait causer. L’entretien des routes devrait toujours se faire. Sinon, l’initiative des motards de la FFMC est très bien pensée.