Alors que la Mazda 3 vient de recevoir le titre de « World Car Design of the Year 2020 », une récompense amplement méritée, il était temps que je revienne sur mon court essai de ce modèle réalisé fin 2019. Si je n’ai eu cette Mazda 3 entre mes mains qu’un temps trop restreint pour prendre la mesure de toutes ses qualités, c’était une première approche intéressante, notamment pour découvrir cette nouvelle motorisation sur laquelle Mazda semble beaucoup miser.
Qu’est-ce que la motorisation Skyactiv-X ?
À l’heure où, poussés par les contraintes environnementales, tous les constructeurs travaillent sur des véhicules hybrides (HEV – PHEV) ou électriques, Mazda arrive en 2019 avec une nouvelle génération de moteur thermique technologiquement innovant.
Cette motorisation Skyactiv-X est loin d’être un moteur essence comme les autres. L’idée de Mazda est de proposer sur le marché (sur Mazda 3 et CX-30 pour le moment) une nouvelle alternative qui associerait les avantages du diesel avec ceux de l’essence, le compromis idéal qui permettrait de ne plus avoir à choisir, en tout cas sur le papier. Le tout étant couplé à une hybridation légère (24V) pour renforcer les gains de consommation.
Ajouter la sobriété, la souplesse, le couple et les reprises à plus bas régime qui caractérisent les moteurs diesel, à un moteur essence déjà performant, on pourrait presque se demander pourquoi d’autres constructeurs n’y ont pas pensé avant. Probablement parce que techniquement l’opération n’est pas aussi simple, et qu’à l’usage, il y a quand même quelques limites aux bénéfices de cette nouvelle motorisation.
Pour l’aspect technique, on a ici une nouvelle technologie de combustion par compression nommée « Spark Controlled Compression Ignition » (SPCCI). Une combinaison d’allumage par bougie et par compression s’adaptant aux sollicitations, qui offre des taux de compression plus élevés à partir d’un mélange plus pauvre en carburant. Si l’aspect technique de ce moteur vous intéresse, je vous renvoie vers cet article des camarades Automotivpress, je pense que j’ai perdu certains de mes lecteurs plus habitués à la vulgarisation de la technique.
Plus concrètement, on a donc un moteur de 180 ch essence qui offre une plage d’utilisation plus longue, avec un couple 10% plus élevé sur toute la courbe (comparé au moteur essence classique) avec ses 224 Nm, et des consommations normalement plus basses. Je dis bien « normalement », car si l’on conduit sportivement, on obtient le même résultat qu’avec une motorisation hybride, c’est la douche froide du côté des chiffres de la consommation. Le système SPCCI n’est pas actif à froid et sous très forte charge, il faut le savoir.
Même si cette nouvelle motorisation en offre assez sous le pied pour conduire de manière dynamique, c’est donc sur une conduite plus apaisée que l’on pourra vraiment prendre la mesure des capacités de ce Skyactiv-X. Il faut dire que la qualité première de cette nouvelle génération de moteur essence, c’est la souplesse. Pouvoir relancer le véhicule, alors même que l’on est en dessous des 1000 trs/min, sans avoir à tomber un rapport est assez déphasant pour un moteur essence, mais loin d’être désagréable.
Au-delà de 3000 trs/min la courbe de couple se tasse, et cela se ressent aussi derrière le volant, il est vrai que si sa souplesse est sa principale qualité, sa progressivité gomme les sensations notamment haut dans les tours, on peut même se demander s’il l’on a bien toute la puissance annoncée sur la fiche technique. Ce moteur, en cherchant le bon compromis, nous perd aussi dans nos repères. Il faut réapprendre avec lui.
Pour cette première prise en main, la consommation constatée a été de 6.1 l/ 100km (pas si éloigné des chiffres WLTP annoncés par le constructeur), malgré un terrain de jeu pas forcément le plus favorable pour baisser les consommations (ville, montage, bouchons, nuit et pluie). À titre d’exemple, on est sur les mêmes consommations que la version 122 ch essence disponible sur le modèle. J’avoue qu’une question me taraude depuis l’essai, est-ce que les consommations constatées sont vraiment liées à la technologie du Skyactiv-X ou à l’introduction de l’hybridation légère ? Il faudrait pouvoir le tester plus longtemps pour approfondir le sujet.
Deux carrosseries, dont une qui se démarque nettement
C’est dans sa déclinaison 5 portes que la Mazda 3 a remporté un trophée du plus beau design de l’année, la version berline quant à elle n’est pas celle qui séduira notre marché européen, sûrement plus adaptée au continent asiatique ou aux USA. Elle ne représentera qu’une faible part des ventes, alors que l’on commence déjà à croiser la version 5 portes de plus en plus régulièrement sur les routes.
Pourtant, à contre-pied de la tendance, je l’aime bien cette berline. C’est d’ailleurs celle que j’avais prise pour l’essai, hélas le temps disponible n’était pas suffisant pour pouvoir essayer l’autre carrosserie. La Berline 4 portes est plus longue de 20 cm et offre plus de capacité au niveau du coffre, c’est les principales différences que l’on peut constater, elle a aussi un style plus élégant, mais plus classique.
La version 5 portes, elle, ne laisse pas indifférente quand on la croise. Son style plus affirmé et dynamique provoque certaines émotions. Plus compacte et plus racée, elle devrait faire tourner plus d’une tête en ville, ce qui sera probablement son terrain de chasse préféré avec une clientèle plus jeune.
Le style Kodo que Mazda applique à l’ensemble de sa gamme semble être payant pour le constructeur japonais (relire mon essai du Mazda CX-5 ou de la Mazda 6). Facilement identifiable et avec des proportions séduisantes, chaque nouveau modèle marque les esprits et assoit un peu plus la notoriété du constructeur.
Vie à bord de la Mazda 3
Avec son intérieur soigné, la Mazda 3 offre encore une fois au client de la marque un univers qualitatif qui devrait être bien apprécié. Si les matériaux ne sont pas tous nobles, la qualité perçue est bonne et les assemblages soignés.
La Mazda 3 introduit un nouveau poste de conduite qui se distingue par une symétrie parfaite des éléments, cela semble être un détail, mais cela aurait un impact insoupçonné sur l’agrément de conduite. En tout cas, je peux vous confirmer que l’on est bien installé derrière le volant, et que l’on y prend assez vite ses marques.
Confort de la position de conduite, mais aussi des sièges, même si le ressenti reste un peu ferme sur les petites routes (en même temps, il faut bien laisser à Mercedes et à Citroën le concept de canapé roulant). L’insonorisation est bonne pour un véhicule de ce segment.
Côté technologie, la Mazda 3 n’est pas en reste, on retrouve un affichage central de 8.8″ à manipuler par la molette pour plus de sécurité au volant. Même si le système semble désuet face à la mode du tout tactile des autres marques, je fais partie de ceux qui aiment pouvoir utiliser la molette pour ne pas perdre la route des yeux plus que de raison.
On retrouve également dans cette nouvelle Mazda 3 les aides à la sécurité active et passive qui nous assistent bien au quotidien : régulateur de vitesse adaptatif, surveillance des angles morts, caméra 360°, reconnaissance des obstacles, système d’aide au trafic (pour vous soulager dans les bouchons)…
La Mazda 3, en bref
Pour son design extérieur et intérieur, la nouvelle Mazda 3 est séduisante à bien des égards. Je peine même à lui trouver spontanément des défauts, mais la durée un peu courte de mon essai m’amène un peu à relativiser mon jugement. Cette voiture mériterait probablement un test de plus longue durée pour affiner mon avis.
Cet essai était surtout placé sous le signe de la découverte de la nouvelle motorisation Skyactiv-X, le nouveau bloc 2.0 l essence de 180 ch, combinant les avantages du diesel à ceux de l’essence, et associé en plus à une hybridation légère. Une solution qui semble assez attractive, mais sur laquelle on manque également un peu de recul pour être totalement objectif. Sachant que cette motorisation se destine uniquement aux finitions les plus haut de gamme.
Côté tarif, c’est une version essence SkyActive-G dans sa carrosserie 5 portes qui ouvre le bal, pour avoir accès au Skyactiv-X il faudra opter pour la finition Sportline de la version 5 portes, ou la finition Exclusive (disponible en berline et 5 portes)
- 2.0L Skyactiv-G Mazda M Hybrid 122 ch BVM à 24 400€ (5 portes uniquement)
- Finition Sportline (5 portes uniquement) 2.0L Skyactiv-X Mazda M Hybrid 180ch BVM à partir de 30 700 €
- Finition exclusive (5 portes ou berline) 2.0L Skyactiv-X Mazda M Hybrid 180ch BVM à partir de 32 100 €
Côté malus, la nouvelle Mazda 3 Skyactiv-X avec ses 180 ch s’affiche entre 122 et 157 g/km (les émissions de CO2 élevées s’appliquent surtout à la version à transmission intégrale), soit un modèle sans ou avec peu de malus selon la grille WLTP applicable depuis mars 2020.