Avant de prendre le temps de rentrer un peu plus dans le détail dans les prochains jours, du moins pour ce qui mérite un focus particulier, je me suis dit qu’à peine rentrée de ces deux jours de salon, j’allais partager avec vous quelques réflexions (sans filtre) concernant l’IAA 2019.
Normalement vous le savez déjà, mais cette édition 2019 du salon de Francfort est celle de l’absentéisme record des constructeurs traditionnels. Entre bouderies, raisons économiques ou manque de nouveautés, les motivations étaient nombreuses pour esquiver ce salon.
Il faudra cependant attendre la fin de l’IAA pour savoir si les visiteurs auront eux aussi tourné le dos à l’événement ou si les stands des marques allemandes auront fait le plein au nez et à la barde des absents. Reste que sur les journées presse j’avais quand même l’impression que l’on n’était pas aussi nombreux que les années passées. Même si la surface à couvrir reste toujours suffisamment importante pour dispatcher l’effet de masse (très visible à Genève), j’avais quand même la sensation qu’il y avait bien moins de médias présents, et notamment sur cette seconde journée avant l’ouverture au public.
le braquage façon Renault
Je sais que je ne vais pas me faire que des amis en osant dire tout haut ce que beaucoup disent tout bas, mais pour le coup j’ai trouvé l’approche sacrément culottée.
Officiellement voici le stand Renault sur le salon de Francfort 2019. Enfin stand, on va le dire vite, on va plutôt appeler ça un espace d’exposition. Même des vendeurs de miniatures ou de vêtements disposent de stands plus grands en extérieur. On retrouvait aussi la marque dans les modèles proposés à l’essai sur une aire dédiée à cette activité (comme Kia pourtant absent aussi).
Malgré tout mardi 10, lors de la première journée presse, Renault a tenu une conférence de presse pour le lancement de Captur (comme n’importe quelle autre marque ayant un stand sur le salon) dans un lounge quelque part dans la Messe. Dans ce lounge, il y avait apparemment aussi un Captur et un habitacle de démo, une sorte de stand non officiel juste pour la journée presse.
J’utilise le mot « apparemment » car je n’y étais pas. Il faut dire que je ne suis pas trop les conférences de reveal sur les salons, c’est très chronophage de courir d’un bout à l’autre du site pour ça. Mais de toute façon, j’étais complètement passée à côté de l’info. Aucun communiqué de la marque n’a été envoyé pour avertir, il fallait avoir épluché le programme des conférences du site de l’IAA pour en être informé (ou peut-être y avoir été spécifiquement convié).
Bref une drôle de façon de procéder que je trouve un peu facile et peu fair-play par rapport aux investissements des autres marques.
BMW une surface divisée par 4
A la fin de l’IAA 2017, BMW avait déjà annoncé qu’il réduirait de moitié son investissement sur le salon. Sauf qu’en se rendant dans le hall 11 qui lui était habituellement dédié, ce n’est pas une moitié de hall que la marque occupe, mais finalement seulement un quart.
Fini la grande scène accueillant des shows à heures fixes et surtout la piste indoor sur laquelle évoluaient des véhicules du groupe. C’est triste pour le côté dingue de la réalisation, mais c’est très rationnel. Je préfère largement une marque qui réduit la voilure qu’une marque absente.
Et puis malgré un espace réduit, le groupe BMW n’est clairement pas venu les mains vides. Un concept a d’ailleurs tapé dans l’oeil de nombreux journalistes avec qui j’ai pu discuter, mais je vous en reparle assez vite je pense, car moi aussi il m’a fait un petit quelque chose.
Je m’attarde sur BMW, mais il y avait aussi une drôle de sensation de vide sur le stand Mercedes, et je ne parle pas seulement de leur attraction pour traumatiser les visiteurs soumis au vertige.
Là où d’habitude il y avait 3 à 4 étages de voitures de la marque exposées, on trouvait par-ci par-là quelques modèles mais surtout beaucoup d’activités et de jeux (la photo de couverture de l’article rend un peu cette impression). Est-ce que l’espace va être ré-aménagé pour les journées publiques ? Peut-être, car d’un coup le stand si magistral de Mercedes perd un peu de sa superbe si on lui enlève sa cathédrale.
Ford & Honda punis par l’absence des autres marques ?
Si Hyundai a réussi un sacré coup en s’intégrant au hall 11, alors qu’il devait certainement être dans le hall 8 comme Honda et Ford, ces deux derniers se sont retrouvés un peu à l’écart.
Pour autant ce hall 8 n’était pas vide, mais entre les marques chinoises comme Wey, Hongqi et Byton (même si cette dernière est la plus européanisée des 3) qui occupaient l’allée centrale sur presque toute la longueur et les équipementiers qui prenaient possession du reste du hall, Honda et Ford faisaient un peu pâle figure malgré eux.
Pourtant avec la Honda e et plusieurs nouveautés dans les gammes Ford, il y avait de quoi avoir une certaine attractivité. Mais j’imagine sans mal qu’ils auraient préférés que les petits copains (qui ont boudé la proposition d’intégrer ce hall 8) soient avec eux, cela risque d’être un coup dur pour eux. Il faudra attendre les bilans du salon pour en avoir le coeur net, mais entre la cible plutôt B2B des équipementiers, celle indéterminée des constructeurs chinois et le fait que ce hall se trouve entre deux halls vides et fermés, cela se présente mal.
Le hall 3 (du Groupe Volkswagen) se porte bien
Je reviendrais à coup sûr sur les nouveautés présentées dans ce hall par Porsche, Skoda, Seat, Cupra, Audi et VW. Mais si sur le papier tout semble bien fonctionner, je suis sur la réserve concernant le stand VW.
En fait en écrivant ces quelques lignes je ne sais pas si le stand évoluera encore dans la nuit pour proposer une gamme plus large au public qui viendra à l’IAA.
Mais VW a peut-être fait comme Audi à Genève, c’est même assez probable. C’est-à-dire exposer aux journalistes une gamme 100% électrifiée, et surtout son nouveau bébé le ID.3 en nombre (je reviendrais dessus, car oui c’est un sujet incontournable sur cette édition), et affichera au public une gamme plus large.
Imaginez-vous que l’on a même pas eu l’occasion de voir le T-Roc cabriolet sur le stand, alors qu’il est sorti il y a à peine un mois. Apparemment il sera par contre sur les journées publiques. Vous l’aurez compris, je ne suis pas vraiment fan de l’idée d’avoir des stands aussi différents entre les journées presse et celles pour le public, mais après c’est une stratégie de com’ comme une autre.
Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui mais cela vous donne déjà un peu la température du salon, enfin du moins à travers mes yeux. Les prochains articles concerneront les nouveautés « produits », car même si de nombreux constructeurs n’étaient pas là, je n’ai pas chômé sur ces deux journées.
En te lisant, j’ai la sensation que ce salon deviens peu a peu un salon « local » et que seule son aura passée continue de faire venir certaines marques.
Concernant le « braquage », c’est la suite logique de ce qu’il s’était passé a Paris, de manière plus timide a l’époque. Je ne serais pas étonné que cette pratique se généralise prochainement.
Le coup de Renault et Kia me fait penser aux salons informatiques d’il y a 3/4 ans, je ne sais pas si c’est encore le cas aujourd’hui. Les nouveautés étaient présentées dans des suites des hôtels autour du salon mais pas dans le salon en lui même. C’est plus compliqué de faire rentrer une voiture dans une chambre d’hôtel mais l’idée est la même, être là sans être là, profiter de l’attraction du salon sans payer de stand.