L’annonce du décès de Ferdinand Piëch s’est répandue comme une traînée de poudre en Allemagne ce lundi soir, alors même que l’information restait encore un peu floue, puis le lendemain le monde entier s’en est ému avec la confirmation officielle.
Ferdinand Piëch fait partie de ces capitaines d’industrie du monde automobile qui auront marqué leur époque. Un an plus tôt c’était Sergio Marchionne, dans un autre style, qui laissait orphelin le groupe FCA, et même si Ferdinand Piëch s’était lui déjà retiré de ses fonctions depuis quelques années (en 2015), il n’en restait pas moins une icône que le groupe pleure aujourd’hui.
Je ne vais pas me tenter à l’exercice de lister toutes les oeuvres de l’homme durant sa carrière longue et brillante, de nombreux sites l’ont déjà fait et bien mieux, mais je vais m’arrêter sur quelques points qui me parlent.
Ferdinand Piëch a façonné le groupe VW avec le succès qu’on lui connaît aujourd’hui
Bien entendu le succès d’un groupe ou d’une marque ne peut pas se limiter aux actions d’un seul homme, aussi brillant soit-il. Cependant un leader peut aussi bien élevé une marque (ou un groupe) que l’entraîner à sa perte. Les mauvaises décisions aux mauvais moments avec les mauvais investissements peuvent avoir des répercussions à long terme dans une industrie qui souffre d’une inertie très importante (Carlos Ghosn en fait aussi les frais en ce moment).
Justement Ferdinand Piëch fait partie de ces entrepreneurs qui savent innover intelligemment (et avec son temps) grâce à son profil d’ingénieur et même carrément rompre avec les mauvaises habitudes du passé quand il s’agit de gérer les dépenses. D’ailleurs son arrivée à la direction du groupe Volkswagen n’a pas forcément été accueillie de manière aussi providentielle que l’on peut l’imaginer maintenant, surtout quand il s’agissait de restructurer drastiquement le groupe pour lui éviter la faillite.
Pourtant auparavant il a été celui qui a contribué à donner à Audi son positionnement haut de gamme, on peut d’ailleurs lui dire merci pour cela. A travers le quattro, le moteur 5 cylindres et d’autres innovations, il a permis à la marque de s’imposer comme une alternative viable aux Mercedes et BMW en quelques années seulement.
Il a été également celui qui a ouvert le groupe à l’univers du luxe, alors que les acquisitions avant son arrivée au directoire s’étendaient plutôt vers le « bon marché » avec SEAT puis Skoda. Lui a rattaché au groupe Lamborghini et Bentley (sans Rolls Royce, un couac dont il se serait bien passé), et il a fait renaître de ses cendres la marque Bugatti en s’impliquant personnellement dans le développement de la Veyron.
Finalement après une OPA manquée de Porsche sur Volkswagen, Ferdinand Piëch va contribuer à retourner la situation, la suite on la connaît.
Du dieselgate au virage à 180° vers l’électromobilité de Volkswagen
On peut se demander par quelle réflexion capillotractée j’arrive à faire un lien entre le dieselgate, les changements stratégiques actuels et Ferdinand Piëch. Alors que justement il s’est opposé frontalement au groupe suite à cette affaire, rompant le lien qui l’unissait avec la « Maison » depuis plusieurs décennies. C’est en fait les drôles de hasard du calendrier qui crée ce pont qui n’aurait pas lieu d’exister en d’autres circonstances.
Certains croient aux coïncidences, d’autres trouvent que le hasard fait bizarrement les choses. On peut trouver une certaine ironie à ce que cet homme s’éteigne à moins de deux semaines de l’IAA 2019 qui doit marquer le tournant vers une nouvelle ère pour Volkswagen (tout comme Piëch a apporté un nouveau souffle pendant son passage à la direction du groupe).
Souvenez-vous, le scandale de « l’affaire Volkswagen des moteurs truqués » a éclaté il y a juste 4 ans (à quelques jours près) juste avant l’ouverture du salon de Francfort (2015) et c’est sur le même salon que VW semble vouloir exorciser ces dernières années compliquées en termes de communication en annonçant une nouvelle identité visuelle pour Volkswagen (nouveau logo, nouveau slogan, nouvelle identité sonore) pour coller au nouvel esprit qui anime la marque (avec le lancement d’ID.3).
Vous imaginez que les mauvaises langues se délectent depuis hier sur les réseaux sociaux en disant qu’au moins il n’assistera pas à l’avènement d’une Porsche 100% électrique (lancement qui aura lieu dans moins d’une semaine), ou qu’il ne verra pas le nouveau logo de VW, car la transformation intensive du groupe vers une électrification de ses marques et gammes semblent encore s’opposer à l’empire qui a été construit par Piëch (surement à tort à mon avis).
On peut dire que tous les regards seront tournés vers le hall 3 de la Messe de Francfort d’ici le 10 septembre, les attentes sont fortes sur les quelques marques encore présentes à l’IAA 2019. En tout cas, je suis curieuse de découvrir ce que VW nous réserve avec cette nouvelle identité de marque (à suivre).
Un mystère demeure…
Je ne résiste pas à un peu de « potins » de temps en temps (vous aussi j’en suis sûre), et je dois vous l’avouer, l’annonce du décès de Ferdinand Piëch m’a surtout fait me poser une question existentielle ce lundi soir …
Et si la rumeur sur l’acheteur de La Voiture Noire de Bugatti qui courrait dans le salon de Genève disait vraie, cela voudrait dire que la Voiture Noire serait alors orpheline.
Car oui, dès le reveal Bugatti de la Voiture Noire, de son caractère unique et de son prix hors norme, il se murmurait que son acheteur serait un certain Ferdinand Piëch. Et même si depuis d’autres rumeurs attribuent cette voiture à un joueur de football, on a imagine plus volontiers le « papa de la Veyron » et de son moteur W16 (qui en possède plusieurs exemplaires) comme l’acheteur de celle-ci. Il faut dire que Ferdinand Piëch était fan de la grande époque de Bugatti et il ne s’était pas caché de son intérêt pour la Type 57 SC Atlantic, le lien entre le modèle passé et présent semble donc corroborer cette folle rumeur. Mais nous ne le saurons probablement jamais…
En tout cas si tel avait été le cas, on aurait pu se demander si une malédiction ne pesait pas sur ces modèles … Voilà pour finir sur une note un peu folle cet article, dont l’origine est pourtant une bien triste nouvelle dans l’univers automobile.