La foule réunie sur place pour l’événement est ébahie et exaltée, le murmure s’intensifie très rapidement sur la toile. Lotus a transformé son tour de magie d’un soir en coup de communication magistral. Evija fait déjà couler beaucoup d’encre, mais les premiers sceptiques font aussitôt leur apparition, je plaide coupable, j’en fais partie.
Evija serait (oui j’utilise le conditionnel volontairement) la première hypercar 100% électrique british. Lotus semble avoir une soudaine envie de challenger un peu Aston Martin sur le terrain du très haut de gamme sportif. Pour ce faire, ils ont dévoilé hier cette « intention » d’un véhicule électrique estimé aux environs de 2000 ch pour un tarif d’un peu moins de 1.9 million d’euros (hors taxes bien évidemment) et dont la production débuterait en 2020.
L’arbre qui cache la forêt ?
Si mon titre évoque un tour de magie, c’est parce que je trouve cette manoeuvre plus proche de l’effet de manche que de la stratégie à long terme. Tel un prestidigitateur de talent, Lotus semble attirer l’attention du public en agitant une Evija de tous les superlatifs, juste pour détourner l’attention de ce qu’il veut très certainement nous cacher.
Enfin au moins, le lever de voile n’a pas révélé un SUV, qui demeure une rumeur pour le moins persistante, même si régulièrement démentie par le groupe. Il n’en reste pas moins que si je voulais faire passer la pilule du lancement d’un SUV Lotus, complètement à l’opposé de l’ADN de la marque, je ne m’y prendrais pas différemment que d’annoncer une hypercar avant de dire que pour rationaliser ce projet d’exception, il faut faire une vente de volume et donc lancer du petit SUV sportif par exemple. Vous me suivez ?
Et dire que les fans de la marque trouvaient l’Evora déjà hors de prix pour ce que c’était, mais alors que doivent-ils penser de cette hypercar sortie de nulle part dans la gamme du constructeur ? Comment passer de petites sportives à la fiabilité et aux finitions toutes relatives à une hypercar de luxe ? Pour ma part je me pose quand même beaucoup de questions quant à la capacité industrielle de Lotus de produire ce projet sans imploser en plein vol (et ce malgré l’investissement de Geely).
“Evija will re-establish Lotus as a leader in terms of engineering and design. It is a hypercar that is built ‘For The Drivers’.”
Phil Popham au lancement de la Lotus Evija
Si quelques fuites avaient en effet parlé d’un projet Omega avec un VE développant 2000 ch, l’information avait été (forcément) démentie à ce moment là. Je vous invite à lire l’article « quel avenir pour Lotus sur la planète Geely » des copains d’Automotivpress. Du coup, on peut se demander ce qui reste vrai dans les informations distillées dans les deux interviews données par Phil Popham à des médias anglophones en ce début d’année.
En théorie il devait arriver sur nos écrans un modèle plus pratique et viable au quotidien (dixit les interviews du nouveau CEO Lotus depuis septembre 2018), alors oups ! une hypercar limitée à 130 unités à plus de 2 millions d’euros ce n’est pas trop ce qui nous vient à l’esprit pour faire du volume. Pourquoi ce changement dans l’agenda du groupe ? J’attends un peu le retour de bâton qui risque de donner de nouveau un coup de grâce à la marque anglaise, pourtant si attachante avec ses modèles adaptés à la piste (relire mon essai de la Lotus Elise). Il y avait pourtant eu il y a quelques années des concepts qui plaisaient beaucoup aux fans de la marque, que sont-ils devenus ?
Mais attendons de voir ce que la fin de l’année va nous apporter comme nouvelles d’outre-Manche, peut-être des modèles électrifiés (hybrides) qui garderaient encore un peu l’esprit du « light is right », et en espérant que cela ne soit pas ce fameux SUV potentiellement hérité de Volvo.
Lotus EVIJA en quelques données techniques (temporaires)
Nom | Lotus Evija (Type 130) |
Motorisation | 100% électrique, 4 roues motrices |
Puissance | L’objectif est d’être la voiture de série la plus puissante du monde, avec 2 000 ch |
Batterie | 70 kw/h / 2,000 kW |
Couple | 1,700 Nm avec vecteurs de couple |
0-100 km/h (0-62 mph) | Moins de 3 secondes |
0-300 km/h (0-186 mph) | Moins de 9 secondes |
Vitesse maximum | Supérieur à 320 km/h |
Autonomie (WLTP) | 400 km |
Temps de charge avec un chargeur à 350kW charger | 18 minutes |
Poids | 1,680 kg |
Production en série | Maximum de 130 voitures |
Dimensions (L/l/H) | 4,459 / 2,000 / 1,122 mm |
Prix | A partir de 1.9 millions (+ charges et taxes) |
Réservation | Un dépôt de £250k pour avoir un créneau de production |
Début de la Production | 2020 |
Toutes ces données me laissent pour le moment dubitative, même si de telles performances existent déjà du côté du Croate Rimac, et qu’à Genève cette année d’autres hypercars électriques ont été présentées avec ce genre de fiche technique, je pense notamment à la Pininfarina Battista
Si vous voulez lire toute la présentation de cette Lotus Evija, vous pouvez encore une fois aller chez les copains d’Automotivpress « Lotus Evija : Hypercar électrique chère, puissante… et lourde« , il y a tout ce qu’il faut savoir à son sujet. Pour ma part je ne vais pas détailler le produit, enfin en tout cas pas pour le moment, pas tant que j’ai du mal à imaginer une concrétisation de cette ambition chez Lotus.