Au-delà du simple délire de science-fiction, le véhicule autonome s’invite de plus en plus dans les débats quand il s’agit de parler de véhicules du futur. Alors que les voitures particulières thermiques semblent déjà avoir un pied dans la tombe d’ici à 2050, on nous présente sa succession comme possiblement autonome (en plus de s’alimenter en électrique ou hydrogène). Si certains limitent la discussion autour du sujet à du « pour ou contre le véhicule autonome », d’ailleurs je pense qu’ici sur le blog vous allez plutôt me hurler un « contre » unanime, un groupe de travail souhaite aller plus loin en lançant une consultation sur cette thématique, et votre avis les intéresse fortement.
A propos de la consultation sur les véhicules autonomes
Le projet de consultation a été dévoilé en avant-première lors des Etats Généraux du Droit Automobile, il est porté par Maître Jean-Baptiste Le Dall, avocat spécialisé en droit automobile et soutenu par l’ACA (Automobile Club Association), qui ont constitué un groupe d’experts pour travailler sur la question du code de la route appliqué à des véhicules devenus autonomes.
Que le sujet vous intéresse, vous inquiète ou vous dépasse, n’hésitez pas à participer à cette enquête. Plus le panel sera large, plus la consultation sera pertinente. Il faut par contre savoir qu’il s’agit d’un long questionnaire comportant 80 questions, je l’ai rempli en 30 minutes environ, il doit être possible de faire moins, mais il vaut mieux prévoir un peu de temps devant soi avant de s’attaquer au sujet.
Une enquête qui soulève beaucoup de questions
Il est d’ailleurs parfois difficile de choisir l’une des réponses proposées tant cet univers nous semble encore difficile à cerner. On connaît déjà les véhicules classés au niveau 3 de l’autonomie, il s’agit de voitures avec des aides à la conduite complémentaires qui soulagent le conducteur de plusieurs actions dans des situations précises (par exemple régulateur adaptatif + maintien dans la ligne pour une conduite sur autoroute). Des équipements que l’on retrouve sur de plus en plus de modèles avec plus ou moins de réussite.
Ici on se projette surtout sur les niveaux 4 et 5 du mode autonome, ne nécessitant plus ou peu d’actions d’un « conducteur ». D’ailleurs dans cette consultation, on vous demande même si la notion de conducteur trouve encore sa place dans ces véhicules, est-ce qu’un permis sera encore nécessaire, à partir de quel âge pourrons-nous emprunter un véhicule se conduisant seul ?
Ce questionnaire ouvre des réflexions sur la notion de responsabilité, d’éthique mais aussi tout ce qui touche à l’assurance du véhicule et bien entendu au code de la route qui doit s’appliquer. Enfin des questions relatives aux données générées par ces véhicules et à leur accès par différents tiers sont soulevées.
Forcément ces véhicules nous confrontent à de nombreuses questions que l’on n’a peut-être même pas encore imaginé. Pour moi le fantasme du véhicule autonome, c’est sa représentation dans le film « demolition man » (référence hautement culturelle, n’est-ce pas ? ). Cela marche bien dans une société remise à zéro, mais dans notre réalité se pose aussi la question de la cohabitation et de la transition entre véhicules autonomes et non-autonomes.
Surtout cela implique de statuer sur de nombreux points comme la responsabilité du constructeur automobile dont les obligations pourraient être renforcées, de la fabrication à la maintenance, en passant par les mises à jour … au-delà même de définir qui peut être tenu responsable en cas d’accident ou de mode dégradé nécessitant la reprise du contrôle par un humain.
Idem pour le rôle de l’assurance ou celui du propriétaire par rapport à des défauts du véhicules qui n’auraient pas été rectifiés. Cette consultation permet de se projeter plus loin sur la mise en place de ce type de véhicules sur les routes ouvertes.
Pour ma part, si je suis les avancées technologiques de ces véhicules, je me suis surprise à me dire que je n’avais pas pensé à certains aspects de la réalité du quotidien que cela pouvait impacter. Je comprends d’ailleurs mieux pourquoi certains constructeurs (mais pas Tesla) ont levé le pied sur les recherches à ce sujet.
C’est tout un modèle économique lié à la circulation des personnes qui changerait du tout au tout… sommes-nous prêts à cette éventualité ? J’aurais tendance à dire que l’on a encore beaucoup de chemin à faire.
Mais n’hésitez pas à donner un peu de votre temps pour répondre à cette enquête, pour une fois que l’on s’intéresse à notre avis, autant partager sa position. Une fois que vous aurez répondu à la consultation, vous comprendrez probablement mieux aussi l’objet de mon article et l’enchaînement de questions que cela suscite.