C’est déjà le troisième essai Tesla que je fais pour le site, et sûrement pas le dernier puisque la Model 3 commence à se profiler pour 2019. Il y a deux ans j’avais déjà eu l’occasion de tester la Model S dans sa version P90D pour une première approche de 2000 km en 4 jours, et cette année j’ai emprunté le model X pour un parcours de 1500 km. Quelques mois plus tard je décide de remettre ça avec une Model S 100D, cette fois pour moins de bornes (720 km) mais en prenant le temps de mieux apprécier la voiture.
Contexte actuel … tendu …
Je n’ai pas vraiment besoin de me convaincre de l’intérêt d’avoir ces véhicules dans le paysage automobile mondial, même si je peux également comprendre la méfiance ou le rejet de certains. Les voitures électriques, tout comme celles à hydrogène et toutes technologies de combustibles qui ne nous sont pas familières font l’objet de défiance, c’est légitime. Le principal problème actuellement vient du fait que les gouvernements veulent appliquer une transition dite écologique à marche forcée, sans prendre le recul nécessaire pour se poser les questions à long terme (et avec déjà quelques erreurs grossières), et ce n’est pas la solution pour faciliter l’acceptation du changement.
Ceci est une voiture électrique des années 30 (il en existe même des plus anciennes), elle est signée Bugatti même si cette Type 56 n’a été fabriquée qu’à quelques exemplaires pour répondre au besoin d’Ettore Bugatti dans son usine, est-ce que pour autant la marque n’a pas fabriqué les plus belles voitures thermiques au monde ? Non, on peut très bien ajouter des solutions alternatives dans une gamme traditionnelle et ceci afin de répondre à tous les besoins (aussi variés qu’ils soient).
La voiture électrique n’est pas nouvelle, mais elle est toujours confrontée à deux problèmes majeurs, le stockage de l’énergie (batterie) et la production de celle-ci (pourtant on se pose moins la question des lumières qui éclairent nos maisons). Tant que ces questions n’auront pas trouvé de solutions permettant une véritable démocratisation du VE, l’équilibre de son avenir sera précaire et soumis à quelques vindictes populaires.
Pollue-t-elle plus ou moins que d’autres solutions sera sûrement un débat sans fin pour de longues années encore. Le postulat de base est pourtant simple : tous les moyens de transport ont un impact écologique négatif, est-ce que pour autant nous devrions être tous piétons (ou à vélo) pour sauver la planète et revivre comme c’était le cas au moyen-âge ? Je reste persuadée que si la voiture électrique avait été une voiture volante (comme l’ont plus ou moins toujours imaginés les auteurs de sciences fiction) elle serait peut-être beaucoup plus facilement acceptée… Alors Elon Musk, il y a peut-être une idée à développer là ! 😉
Toujours trop pressés ?
Dans les pays développés on court toujours littéralement après le temps, et si vous avez déjà eu l’occasion de faire des voyages dans d’autres types de pays, vous avez du découvrir que certaines populations savent encore prendre le temps de faire les choses. Les étrangers veulent par exemple toujours grimper le Kilimandjaro rapidement, alors que les guides locaux leur disent « polé polé » (doucement en swahili), parce qu’il faut économiser ses forces et son oxygène pour pouvoir aller au bout de l’expérience (et c’est vrai).
Mais pourquoi je vous parle de voyage dans un article bagnole, tout simplement parce que la principale critique que j’ai entendu pour la voiture électrique (notamment quand je parle de Tesla), c’est que ça n’allait pas assez vite à se recharger (y compris les superchargeurs) et face à ça je me retrouve coi. Alors moi aussi je dis que faire un long trajet en Tesla nécessite d’y aller « polé polé ». Non pas que l’on ne puisse pas rouler vite, mais que de savoir prendre son temps fait aussi parti du voyage. Quand on me dit que les pauses sur le trajet des vacances c’est 5 minutes pour le plein, le pipi et le café, et que 10 ou 15 minutes de plus c’est trop long, je me demande bien où est notre problème dans cette course contre le temps.
Du coup pour cet essai de la Tesla Model S, j’ai décidé de faire autrement et de tout simplement prendre mon temps. Exit donc les autoroutes, j’ai choisi d’aller de la région parisienne en Normandie par les nationales, économisant au passage 24€ de péages (+ quelques bouchons) et pas mal de kilomètres en autonomie sur ma batterie. C’est d’ailleurs la principale erreur que j’avais fait pendant mon essai de la TMS P90D il y a deux ans, je faisais des pauses de charge un peu plus longues mais en roulant du coup plus fort pour rattraper le temps, heureusement que l’on apprend avec ses expériences passées.
Si les pauses de recharge sont plus ou moins incontournables dès que l’on veut dépasser les 500 km (en même temps avec mon ancienne 350Z une pause refueling était aussi obligatoire), en préparant intelligemment son voyage, cet arrêt imposé peut être exploité à bon escient. Au-delà de satisfaire des besoins naturels, j’ai profité de la supercharge au niveau de Rouen pour planifier la suite du voyage, notamment à quel endroit nous déjeunerions et à quelle heure, ainsi que où nous dormirions (sinon en règle général je traite mes emails et regarde mes réseaux sociaux). Les 30 minutes que nous avons passé sur place ont donc filées vitesse grand V.
Il en a été de même le lendemain, si la pause recharge n’était pas obligatoire puisque l’on aurait pu aller jusqu’à la région parisienne en faisant un poil plus attention à la consommation électrique, j’ai choisi de refaire ma pause à Rouen, cela tombait pile sur les horaires du déjeuner (et j’avais faim). Joindre l’utile à l’agréable, c’est ma philosophie !
Alors oui si chaque minute passée est une épée de Damoclès au dessus de votre tête, la voiture électrique n’est probablement pas faite pour vous (éventuellement regardez plutôt du côté de l’hybride). Au contraire, si vous savez anticiper ou encore prendre le temps, vous trouverez peut-être un certain plaisir à rouler en véhicule électrique, et si en plus vous en avez les moyens, c’est encore mieux de le faire en Tesla. Et là encore je parle pour des trajets plus longs que ceux du quotidien, car finalement sur un usage comme véhicule principal, la model S n’est pas vraiment différente d’une autre voiture, si ce n’est qu’il est préférable d’avoir un point de charge à domicile ou au travail pour récupérer l’énergie suffisante à ses trajets boulot – dodo.
Des aides à la conduite pour vous accompagner
A vrai dire j’avais plutôt prévu de faire un focus sur les aides à la conduite de la Tesla Model S pour cet article, mais suite à des discussions récentes il me semblait encore utile de traiter le sujet d’une manière plus large.
S’il y a deux ans lors de mon premier essai de la Model S, Tesla était clairement en avance sur les technologies embarquées, depuis les nouveaux modèles des constructeurs traditionnels entrant sur le marché sont eux aussi plus ou moins bien dotés à ce niveau. Si le système Tesla continue à évoluer grâce à des mises à jour régulières à distance, les grosses révolutions d’autopilot promises par Elon Musk sont encore en stand-by (notamment en attente d’évolutions des lois en matière de conduite autonome), même si certaines commencent à s’appliquer sur les véhicules actuels.
Reste que chaque modèle et chaque constructeur implante des ADAS (« Advanced driver-assistance systems » ou aide à la conduite) pour coller aux normes imposées par l’Europe (pour les freinages d’urgence par exemple) et suivre les nouveaux standards avec plus ou moins de réussite. Il y a aussi de plus en plus souvent des aides au stationnement pour faciliter le quotidien des conducteurs (assez inégal d’un constructeur à un autre).
Sur toute la question des aides à la conduite, il y a de bons et de moins bons élèves, d’ailleurs Peugeot m’a surprise en ajoutant dans son maintien de trajectoire la possibilité de choisir si on veut rester au milieu de sa voie ou plus à gauche ou droite (ce qui peut être utile sur le périphérique notamment) et qui manque éventuellement à Tesla (même si c’est très français comme mode de circulation).
Le constructeur garde par contre la palme de la simplicité de ces systèmes. Si certains régulateurs adaptatifs et solutions de contrôle de la trajectoire sont de vrais casse-tête pour être manipulés, Tesla a de son côté a le système le plus simple, un commodo et deux possibilités. On peut utiliser le régulateur adaptatif seul ou activer en plus la fonction de pilotage automatique (maintien dans la voie et changement de file à l’activation du clignotant).
Par contre si l’assistant de pilotage automatique est facile à utiliser il est aussi assez exigeant. Si vous lâchez le volant trop longtemps sans remettre les mains quand la voiture vous le demande, vous vous faites sanctionner, interdiction d’utiliser l’autopilot jusqu’au prochain arrêt du véhicule. Il faut aussi avoir les mains sur le volant pour qu’à l’activation du clignotant la voiture change de voie pour doubler, et si vous forcez le changement de voie avec un coup sur le volant sans cligno, le pilotage automatique se coupe (tout comme lors d’un coup de frein). En gros ce n’est pas parce que vous avez des aides à la conduite que vous pouvez faire tout et n’importe quoi en tant que conducteur.
Il y a bien toujours quelques fois où l’on ne va pas comprendre pourquoi la voiture a freiné alors qu’aucun obstacle ne semblait se présenter devant elle, mais globalement c’est assez pratique pour nous assister dans les trajets. Surtout à la différence des autres marques, le système n’est pas figé et si des erreurs sont remontées, des mises à jour correctives seront proposées et ça cela reste encore à ce jour assez novateur dans l’industrie automobile ! Il y a par contre toujours l’aide au parking que je n’ai pas pu tester malgré 3 tests de Tesla.
Et pour le reste de la model S …
On a ici une grande berline qui offre tout le confort nécessaire pour les déplacements du quotidien comme sur les longs trajets. Il est d’ailleurs toujours aussi difficile de reprendre un véhicule thermique juste après tant il nous semble alors bruyant et vibrant (enfin sauf si bien sur on roule en Mercedes Classe S). Comme je l’ai déjà dit dans mes autres essais, on n’est peut-être pas au niveau des finitions des véhicules premium allemands (malgré un prix élevé) mais la Model S a su évoluer et s’améliorer sur ces dernières années aussi bien pour son design extérieur (avec le facelift) qu’à l’intérieur (en intégrant d’autres matériaux et des rangements supplémentaires).
Si le tout tactile pouvait être déroutant il y a deux ans, je me rends compte après de nombreux essais d’autres marques que le système de commande Tesla reste un des plus faciles à prendre en main, grâce à la taille de son écran mais aussi pour l’organisation simple et logique de ses menus (à quelques exceptions près).
La version P100D est sûrement la plus excitante, parce qu’elle affiche des performances élevées dont un 0 à 100 km/h en 2.7 secondes, mais concrètement si vous êtes plutôt un gros rouleur c’est la 100D que je vous recommande. Avec cette grande batterie de 100 kWh vous pouvez circuler l’esprit plus tranquille, et c’est fortement appréciable quand on n’est pas encore rodé à la gestion des consommations de la batterie d’un VE.
Et sinon j’ai complètement craqué au moment de prendre les photos du coffre pour donner une idée des volumes disponibles… Il faut bien un peu de légèreté de temps en temps !
C’est toujours difficile de rendre la Model S chez le constructeur américain après quelques jours passés à son volant… je dois bien l’avouer je reste assez séduite par ce modèle électrique signé Tesla (même si elle est bien trop grande pour mes besoins).