Malgré une météo plus qu’automnale ce jeudi 15 novembre, une certaine agitation inhabituelle se faisait sentir autour du Château Saint Jean à Molsheim, siège de Bugatti SAS. Aujourd’hui deux marques de luxe françaises, Bugatti et Champagne Carbon, dont les sièges sont implantés historiquement dans le Grand Est, signent un partenariat.
Si boire ou conduire, il faut choisir ! Les maisons de champagne sont régulièrement associées à des événements du sport automobile ou à des marques prestigieuses, à l’image de ce que l’on peut retrouver dans l’univers de l’horlogerie également. Dans le cas de Champagne Carbon, c’est d’ailleurs les deux. Si vous n’êtes pas spécialiste des maisons de champagne ou fan inconditionnel de tout ce qui touche la Formule 1, vous ne le savez peut-être pas, mais depuis un peu plus d’un an (Aout 2017), ce sont les champagne Carbon que l’on retrouve sur les podiums des Grands Prix de F1.
Après des années de Moët et de Mumm, la Formule 1 a eu comme un passage à vide, les pilotes s’arrosant pendant un temps de « simple » mousseux pour fêter leur victoire, c’est tout de suite bien moins chic. C’est alors que Champagne Carbon récupère cette tribune avec ses bouteilles recouvertes de fibre de carbone (d’où le nom de la maison) qui colle parfaitement à l’univers automobile. Pour en savoir un peu plus à ce sujet, je vous invite à lire cet article du Point : « Formule 1 sur le podium le champagne remplace le mousseux »
Je pense qu’il est inutile que je vous présente Bugatti, on reviendra d’ailleurs probablement sur son histoire l’année prochaine pour accompagner les 110 ans de la marque. C’est d’ailleurs à l’occasion de cet anniversaire que se noue ce partenariat autour d’une cuvée spéciale nommée « ƎB.01 ». Rendez-vous était pris ce jeudi matin à Molsheim pour assister à la prise de parole de Stephan Winkelmann, président de Bugatti, et Alexandre Mea, président de Champagne Carbon.
La signature de ce partenariat nous donne l’occasion de lever nos verres à cette association et de déguster en avant-première (et sans abus) ce grand millésime composé à 90 % de Chardonnay et à 10 % de Pinot Noir. Au-delà de la fibre de carbone qui est un point commun flagrant entre les deux marques, la philosophie et la recherche de l’excellence qui les animent sont le moteur de ce partenariat. Et si vous me posez la question, oui ce champagne est bon, même si je ne serais pas contre une seconde dégustation pour en être sûre… 😉
En bon hôte respectant les traditions d’accueil, Bugatti a convié l’assistance présente à une visite du site, du château Saint-Jean aux ateliers et même une surprenante remise. Point d’orgue de la journée, le baptême en Bugatti Chiron qui permet, si un doute pouvait encore subsister, de juger sur pièce de l’excellence de son savoir-faire.
Visite de Bugatti à Molsheim
Parmi les lieux atypiques du site, la remise est particulièrement surprenante, quand le badge sécurisé en ouvre les portes, c’est un condensé de Bugatti dans un espace relativement restreint qui s’étale devant nos yeux, et on se rend particulièrement compte que la Bugatti Royale est vraiment hors norme face à d’autres modèles de compétition.
Mais ce qui est le plus impressionnant c’est de pénétrer dans l’atelier. A des années lumières des usines traditionnelles que l’on connait quand on parle d’assemblage de voitures (par exemple l’usine de Skoda à Mlada Boleslav que j’avais visité), ici on entre dans un espace qui baigne de lumière naturelle (malgré une journée particulièrement grise), et dont le sol est plus proche de ceux de bureaux tertiaires que d’ateliers de mécanique.
J’ai essayé l’espace d’un instant de faire l’addition de la valeur des véhicules présents, cela donne littéralement le tournis. La production devrait d’ailleurs augmenter pour satisfaire la demande des clients plus rapidement, car pour le moment les carnets de commande sont pleins jusqu’à fin 2021. De nouvelles embauches pourraient donc avoir lieu d’ici quelques mois pour compléter les équipes déjà en place. D’ailleurs merci aux techniciens (ou ingénieurs je ne sais pas bien le terme adapté) pour les quelques échanges que nous avons eu autour des voitures en cours d’assemblage.
Une visite riche d’informations et de découvertes que je ne peux pas forcément retranscrire en intégralité ici. Mais il est possible que je revienne à l’occasion sur le sujet. En attendant mon carrosse n’attendait plus que moi à la sortie de l’atelier pour passer de la théorie à la pratique.
Le baptême en Bugatti Chiron : une expérience pour exciter les sens
C’est le pilote essayeur officiel de Bugatti, Pierre Henri Raphanel, qui assure les promenades de la supercar et nous régale aussi bien d’anecdotes concernant la Chiron que d’informations pratiques. Si j’ai fait quelques courtes vidéos pour garder un souvenir à partager, je ne veux pas les mettre en ligne ici car les vidéos ne peuvent tout simplement pas retranscrire ce que l’on ressent à bord d’une Bugatti Chiron.
Alors plutôt que de vous donner une mauvaise vidéo, j’ai envie d’essayer d’y mettre des mots, je suis normalement meilleure en la matière.
S’installer à bord d’une Chiron, même sans être assise du côté conducteur, c’est une stimulation de quasi tous les sens. La vue est forcément sollicitée, mais le toucher aussi, tout comme notre audition et on pourrait même y associer l’odorat. L’intérieur d’une Bugatti c’est un assemblage parfait de matériaux nobles, et c’est là que le sens du toucher est particulièrement titillé (ainsi que l’odorat dans une autre mesure). Je crois que j’ai rarement eu autant envie de caresser ou même juste d’effleurer ces matériaux dans une voiture : cuir, aluminium massif, carbone … Tout est une invitation à laisser son sens du toucher prendre le dessus sur d’autres.
Mais ça c’est une première approche car quand la bête sort de sa torpeur pour prendre la route, c’est l’audition qui se réveille. Loin de certaines sonorités bien trop aiguës pour être vraiment agréables (mais au moins elles sont reconnaissables), ici le son prend aux tripes quand on est à l’extérieur de l’auto (voir ma vidéo sur Facebook), mais une fois à l’intérieur, la Chiron sait se faire discrète et permettre d’échanger sans avoir à tendre l’oreille ou à forcer la voix à la moindre montée en régime. Quasi tout au long de notre promenade d’une quinzaine de minutes (bien trop courte, je vous l’accorde), ce n’est que lorsque la fenêtre (avec son double vitrage) est ouverte que la Chiron pouvait couper notre conversation, enfin avec la fenêtre ouverte ou lorsque la cavalerie est lâchée pour une brève mais intense accélération.
La météo n’était pas vraiment propice à l’exploitation des 1500 ch de la Chiron, la journée était froide et humide, les routes particulièrement grasses, ce n’est donc qu’une infime partie du potentiel de l’auto que j’ai pu apercevoir. Si j’ai déjà roulé à bord de voitures puissantes (mais plus de moitié moins puissantes quand même) ou avec des couples très élevés, l’accélération d’une Chiron provoque plutôt les sensations de certaines montagnes russes. Même en étant habituée et prête à recevoir l’accélération puis un freinage, ma respiration s’est tarie et mes joues ont pris une teinte rosée incontrôlée (et ce n’était pas le champagne).
Si on ne doute pas des capacités de ce modèle à monter à des vitesses stratosphériques, je me demandais comment on pouvait dompter les 50 km/h des centres-villes avec un monstre de 1500ch. La réponse est « très simplement », car la Chiron n’est pas juste un dragster qui ne connait que deux phases : accélération maximum ou freinage, elle gère à la demande la puissance à délivrer dans une étonnante simplicité. Reste que le mobilier urbain et surtout les ralentisseurs vous permettront de voir que même à 10km/h la voiture s’adapte sans broncher. Idem pour les petites routes de mauvaises qualités que l’on trouve dans les environs de Molsheim (et que j’avais déjà pris en Lamborghini Gallardo Superleggera) qui sont absorbées sans perturber plus que ça le confort des occupants et sans générer de perte d’adhérence.
Maintenant il s’agit de sensations ressenties en tant que passager, cela n’est pas aussi pointu que celles que l’on peut percevoir en conducteur. Mais croyez-moi, il sera bien difficile d’essayer de piquer les clés de Pierre Henri Raphanel, cette Chiron c’est son bureau (le plus beau du monde pourrons-nous dire) et il n’est clairement pas prêteur, cela ne devrait pas vous surprendre outre mesure…
Voilà je n’ai pas envie d’aller plus loin dans la technique aujourd’hui, j’avais juste envie d’essayer de partager avec vous un bout de mon expérience. Si certains sont blasés par les véhicules de ce type, personnellement je ne le suis pas, j’aime à m’émerveiller de ces moments qui restent exceptionnels. On peut ne pas aimer le look de la Bugatti Chiron, mais je pense que c’est quelque chose qui va au-delà de l’aspect esthétique, mais cela doit se vivre pour dépasser cela.
Le combo couleurs est grandiose, j’adore la Chiron !
Quel monstre ! Dommage que ce ne soit pas un groupe français qui finance cette marque.
On peut se consoler en se disant qu’elle est fabriquée chez nous. Mais, question : les équipes d’assemblage viennent du groupe Volkswagen ou Bugatti embauche aussi des ingénieurs / techniciens français ?
En même temps je pense qu’il vaut mieux que ce soit les allemands que des chinois ou des qataris qui financent non ?
Et dans les ateliers je n’ai croisé que des français, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’autres nationalités mais sur 5 personnes croisées dans l’atelier je n’ai entendu que parler français.
Oui par défaut c’est mieux que les financements viennent d’outre Rhin mais c’est bête qu’il n’y ai pas eu, au moins, une participation d’une marque française dedans.
Sinon, merci de ta réponse quant au personnel employé que tu as pu voir à l’œuvre. Cela doit être très impressionnant.