En me rendant quelques jours dans la capitale espagnole pour le week-end de la Toussaint (d’où moins d’articles ces derniers jours), je m’attendais à voir un parc automobile plutôt vieillissant circuler dans les rues de Madrid, et donc n’avoir rien à dire sur le sujet. Mais après quelques heures passées à déambuler à pied (et pas loin de 40km parcourus en 3 jours) dans les rues très vivantes de la ville, mon attention a été attirée par un constat à l’opposé de mes préjugés de départ…
En fait, c’est même installée en terrasse au niveau des quartiers chics de la Puerta de Alcala et en voyant passer une ancienne des années 60/70 (que je n’ai pas eu le temps d’identifier) que cela a fait « tilt ». Mais où sont passées les youngtimers, les anciennes mais aussi et surtout les semi-épaves que nous avons trop souvent sur nos routes et dans nos villes en France ? Alors avant de m’attirer les foudres des fans d’anciennes et moins anciennes, je ne mets pas toutes les voitures dans le même panier, je vous rassure et vous invite à lire la suite pour comprendre.
La crise comme effet de levier ?
On sait tous que l’Espagne a été un des pays européens les plus marqués par la crise de 2008 (merci les subprimes), avec à la clé une forte hausse du chômage, des revenus en baisse et tout le bazar politique et économique qui a accompagné plus ou moins fortement différents pays (surtout du Sud de l’Europe : Grèce, Italie, Portugal et France…). En France d’ailleurs le marché automobile a été assez fortement affecté par ce ralentissement de l’économie, moins de ventes de véhicules neufs (aux professionnels comme aux particuliers). Mais alors qu’en France nos routes et villes sont toujours envahies par des véhicules de plus de 15/20 ans pas toujours bien entretenus (des « poubelles » quoi), et que les véhicules neufs qui ont la cote sont des Dacia, à Madrid c’est une autre impression qui s’est dégagée au point de me surprendre.
Concrètement mon observation a été un peu biaisée, je dois l’admettre, comme j’y étais sur un weekend de pont la circulation était probablement un peu différente du reste de l’année. Mais il y a quand même une tendance forte au renouvellement du parc automobile madrilène (si ce n’est espagnol) qui m’a été confirmé par un local. Pour cela deux éléments : des aides de l’état sous forme de « prime à la casse » (PIVE) en place jusqu’à cet été et des taxations locales incitant à des véhicules plus récents / propres (notamment sur les tarifs de stationnement) en ville…
Stationnement à Madrid
Le stationnement en surface (et résidentiel) à Madrid a été modifié pour prendre en compte le type de véhicule que vous conduisez et pour ainsi définir le tarif que vous payerez. Cela passe par de horodateurs « intelligents » qui demandent l’immatriculation de votre véhicule pour vous délivrer un ticket. Les voitures sont alors classées en 5 groupes (qui ressemblent fortement à ceux de notre vignette éco) qui donnent droit à des rabais ou des surplus en fonction :
- groupe A : véhicules hybrides et électriques (20% de ristourne)
- groupe B : voitures essence d’après 2006 et diesel d’après 2015 (10% de ristourne)
- groupe C : voitures essence de 2001 à 2005 et diesel de 2006 à 2015 (ni ristourne – ni supplément)
- groupe D : voitures essence de 1997 à 2000 et diesel de 2001 à 2005 (10% de supplément)
- groupe E : voitures essence d’avant 1997 et diesel d’avant 2001 (20% de supplément le maximum)
S’ajoutent à ces majorations / minorations en fonction de l’âge du véhicule des variations en fonction des secteurs géographiques, les plus demandés ont aussi des suppléments par rapport aux zones moins fréquentées. Un beau bazar mais qui semble avoir poussé les voitures les plus anciennes en dehors du centre-ville.
A priori on joue moins (ou pas) à ne pas payer son stationnement à Madrid, des véhicules équipés de caméras qui lisent les plaques passent pour relever les voitures en infraction et les verbaliser, c’est probablement ce qui va pendre aux nez des parisiens avec la privatisation voulue par Mme Hidalgo.
Parc automobile, quelles marques se détachent ?
Les voitures neuves et récentes sont donc clairement présentes en centre-ville de Madrid, de ce que j’ai vu je dirais jusqu’à 2/3 des véhicules ont moins de 15ans et une bonne partie moins de 10ans (taxis inclus et ils représentent une très grosse partie des véhicules roulants dans la capitale). Après ce n’est pas toujours évident de juger de la vétusté du parc automobile en un coup d’oeil dans un carrefour de circulation mais voilà l’impression globale que j’ai eu.
Après j’étais assez surprise de croiser beaucoup de nos françaises : Renault et Peugeot sont très présents (mais beaucoup moins de Citroën par contre). Forcément on croise aussi beaucoup de Seat que l’on pourrait penser comme dominant sur son territoire, mais ce n’est finalement pas le plus marquant (mais beaucoup plus visible qu’en France par exemple), j’en ai vu presque autant que des Ford par exemple. L’autre tendance qui semble assez forte se porte plutôt du côté des japonaises : Toyota (et ses hybrides), Nissan et des pays voisins pour les Hyundai / Kya (j’ai même pris un Uber circulant en i40 pour retourner à l’aéroport). VW et Audi semblent être les allemandes les plus courantes, j’ai croisé peu de Mercedes et BMW dans l’ensemble, mais plus de Porsche (Cayenne dans les beaux quartiers et quartier business).
En fait le parc automobile semble s’être rajeuni mais sans pour autant une grosse montée en gamme, mais sans non plus plonger dans l’abus de petite / micro citadine pas chère, donc les voitures que l’on croise sont essentiellement les meilleurs rapports qualité/prix de leur segment. Ce n’est sûrement pas plus mal … et j’aimerais bien voir le mouvement s’amorcer en France dans ce sens.
Le CCFA / ANFAC publiait aujourd’hui les chiffres de ventes en Espagne pour le mois d’Octobre qui semblent assez en cohérence avec ce que j’ai vu comme tendance:
Renault a dominé le marché espagnol en octobre, avec 6 676 unités écoulées, suivi de Seat (6 321), de Peugeot (6 027), de Volkswagen (5 974), d’Opel (5 685), de Ford (4 647), de Nissan (4 441), de Kia (4 244), de Toyota (4 118) et de Mercedes (4 067).
Reste que je me demande si les voitures les plus anciennes sont parties à la casse (ou dans les pays d’Europe de l’Est et en Afrique) ou si elles se cachent à la campagne, juste en périphérie de Madrid et/ou dans les autres grandes villes ? Si des espagnoles veulent donner leur avis il est le bienvenue … 🙂
Étonnant pour Citroën sachant quebla marque y a une usine importante !
Oui j’étais assez surprise aussi (surtout que mon contact sur place travaille pour une concession de la marque). Après peut-être que dans la région proche de l’usine il y en aura plus, un peu comme ici dans mon coin d’Alsace les Peugeot et Citroën sont le best seller.